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« Depuis plusieurs jours, toutes les questions politiques, artistiques et commerciales sont délaissées par les journaux. Tout s’efface devant un événement d’une bien plus grande importance, la mort romanesque d’une des gloires du demi-monde, la célèbre Marie (Alphonsine, ndlr) Duplessis » s’étonnait en 1847 Charles Dickens, de passage à Paris. Ce destin foudroyé à l’âge de 23 ans inspira un roman puis une pièce de théâtre (La Dame aux camélias) à Alexandre Dumas fils, amant malheureux d’Alphonsine.
Depuis qu’il avait vu en février 1852 la création de la pièce, Verdi songeait à mettre en musique la vie de la courtisane. A la lumière de la vie privée du compositeur, on peut imaginer que le rejet de la bonne société face à son union libre avec l’anciennement leste Giuseppina Strepponi lui donnait une bonne raison de s’attaquer au sujet. Marie se cachera donc sous le nom de Violetta et Armand sous celui d’Alfredo mais la naissance et la fin tragique de l’idylle sous la pression des normes sociales restent les mêmes. On peut se demander pourquoi le finale de La traviata est l’un des plus poignants de l’histoire de l’opéra. Bien sûr parce que son auteur est le maître de l’art lyrique italien mais aussi parce que l’agonie d’Alphonsine y transparaît aussi vraie que dans l’entresol du boulevard de la Madeleine en cette froide nuit du 3 février 1847.
- Francesco Maria Piave
- Giuseppe Verdi
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